Installation en infirmière libérale : le guide

Cette page est faite pour vous ! Vous y trouverez toutes les informations essentielles pour vous lancer sereinement : de la création de votre cabinet à la gestion administrative, en passant par la communication et le développement de votre patientèle. Alors, n'attendez plus, faites de votre rêve une réalité !

Plus d’autonomie, une diversité de soins, une relation de confiance avec vos patients ?

S’engager dans l’exercice libéral, c’est franchir un cap décisif dans votre parcours professionnel. Vous devenez le moteur de votre projet, libre de construire une pratique à votre image.

Mais concrètement, qu’est-ce que cela implique ?

L'organisation

En tant qu’infirmière et infirmier en libéral, vous avez la liberté d’organiser votre tournée selon vos préférences, tout en respectant les impératifs liés au temps, à la durée, et à l’urgence des soins. Les horaires peuvent être intenses nécessitant une capacité d’adaptation pour répondre aux besoins variés des patients.

Dans le cadre de votre activité, vous êtes tenu par la loi d’assurer la continuité des soins (Article R.4312-12 du Code de la santé publique, inscrit dans votre code de déontologie). Cette responsabilité implique de trouver des solutions pour garantir la prise en charge des patients même en cas d’absence pour congés ou formations. Soit en optant pour le remplacement, ou alors, en vous associant pour obtenir une meilleure flexibilité de vos horaires et jours de travail.

Ils sont diversifiés et vous incitent à progresser tout au long de votre activité. Les formations et spécialisations peuvent alors tenir un rôle majeur dans votre pratique.

En libéral, vous jouez un rôle clé dans la coordination des soins, en collaborant étroitement avec d’autres professionnels de santé via des structures comme les Équipes de Soins Primaires (ESP), les Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) ou les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS).

Avec vos patients, la relation devient plus personnelle et privilégiée. En entrant dans leur quotidien, vous instaurez un lien basé sur l’écoute, la confiance et la bienveillance, transformant chaque soin en un moment d’échange humain unique.

En tant que chef d’entreprise, vous devez maîtriser votre métier tout en gérant vos obligations administratives. Une bonne organisation est essentielle pour intégrer ces tâches dans votre planning. Profitez des formations proposées par votre logiciel de gestion EVE et les AGA pour acquérir les bases dès le début de votre activité.

Pour rompre l’isolement des tournées, accueillez des stagiaires, associez-vous ou participez à des formations et réunions professionnelles. Ces échanges enrichissent votre expérience et dynamisent votre activité.

Un exercice libéral réussi repose sur une bonne préparation et une rigueur constante pour mener à bien votre projet en toute sérénité.

Les pré-requis pour votre installation

Les conditions d’installation en libéral
1 .
Être titulaire du Diplôme d'État d'Infirmier (DEI) : ce diplôme de niveau bac+3 est requis pour exercer en libéral.
2 .
Justifier d’une expérience professionnelle dans les 6 dernières années précédant la demande d’installation :

Pour devenir remplaçant :

18 mois (soit 2 400 heures) dans un service de soins généraux.

Pour devenir titulaire :

- 24 mois (soit 3 200 heures) dans un service de soins généraux
ou
- 18 mois (soit 2 400 heures) dans un service de soins généraux, suivis de 24 mois de remplacement d'un infirmier libéral conventionné.

Les services de soins généraux comprennent les hôpitaux, les cliniques, les centres de santé, les Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD), etc.

Les démarches administratives

Indispensables même si elles peuvent paraître fastidieuses, les démarches administratives permettent ainsi de concrétiser votre projet et de prendre conscience de votre rôle de « chef d’entreprise ».

Découvrons les organismes auprès desquels vous devez effectuer vos démarches obligatoires et facultatives :

Démarches Obligatoires

Elle est en charge de l’enregistrement de votre diplôme, mais également de mettre à jour votre situation à chaque changement d’activité : remplacement, création de cabinet libéral, association avec un.e collaborateur.trice, salariat. L’A.R.S. vous délivrera votre numéro ADELI requis lors de l’enregistrement auprès de l’Ordre Infirmier.

Vous êtes normalement déjà inscrit.e car c’est obligatoire, si ce n’est pas le cas, vous disposez de 3 mois de délai pour que votre inscription soit confirmée. Pour chaque remplacement effectué ou changement d’exercice, vous devrez en avertir l’Ordre Infirmier.

La CPAM

La CPAM de votre lieu d’exercice, ou de votre domicile si vous souhaitez uniquement réaliser des remplacements, sera votre interlocuteur principal lors de votre installation en libéral. Vous effectuerez votre demande de Carte Professionnelle de Santé C.P.S. auprès d’elle et signerez votre conventionnement.

Rapprochez-vous des Délégués Numérique en Santé (D.N.S.) qui sont disponibles pour vous accompagner dans votre installation en libéral, mais également pour vous fournir toutes les informations sur votre convention, la nomenclature et les règles d’exercice.

C’est auprès d’elle que vous pourrez obtenir votre relevé S.N.I.R. notamment (Système National Inter-Régimes) qui correspond au montant des honoraires versées par la CPAM pour l’année écoulée.

Vous disposez d’un délai de 30 jours à partir du début de votre activité pour vous inscrire.

/!\ A savoir : en cas de maladie la CARPIMKO impose 90 jours de carence, il est donc nécessaire de souscrire à des couvertures complémentaires qui vous garantirons des indemnités compensatoires moins contraignantes.

L’URSSAF joue un rôle essentiel dans votre installation en libéral. Elle collecte les cotisations sociales, indispensables pour financer votre protection sociale (maladie, retraite, allocations familiales, etc.).Vous devez signaler votre activité auprès de l’URSSAF dans les 8 jours suivant le début de votre exercice libéral. Cette démarche peut être réalisée en ligne via le portail dédié : https://www.cfe.urssaf.fr

L’assurance RCP

Responsabilité Civile et Professionnelle

Une infirmière libérale est responsable civilement et pénalement des actes qu’ils effectuent. La R.C.P vous couvre donc dans le cadre de votre activité et sur le plan juridique. Elle est légale et obligatoire. Adressez-vous aux compagnies d’assurance ou aux banques en soumettant des demandes de devis. Interrogez vos confrères et consœurs, contrôlez bien tous les services (même complémentaires) et conditions proposées dans le contrat avant de signer.

Il est indispensable dans votre activité, car il vous assure une organisation administrative sûre et règlementée. Il vous sert avant tout, à facturer vos soins et à transmettre vos factures auprès des organismes payeurs (CPAM et mutuelles) ou encore, à gérer toutes les données de vos patients afin d’optimiser la gestion de votre activité.

Découvrez les offres proposées par le logiciel de gestion et de télétransmission EVE sur la page dédiée disponible en cliquant ICI.

D.A.S.R.I.

Préparer le traitement de vos Déchets d’Activité de Soins à Risque Infectieux en faisant appel à une société spécialisée dans la charge de la collecte, du transport et de l’élimination de ces déchets (signature d’une convention). Ou alors, vous décidez vous-même de stocker, de vous déplacer et d’éliminer ces déchets auprès d’une société spécialisée. Ceci est un « apport volontaire » soumis à une réglementation stricte. Il est obligatoire d’assurer le tri et la traçabilité de vos déchets.

R.G.P.D.

En vigueur depuis le 25 mai 2018, le Règlement Général sur la Protection des Données impose des obligations à toutes les personnes manipulant des données personnelles, en particulier des données sensibles comme celles liées à la santé. Chacun en est responsable, sans besoin de déclaration ou d’autorisation préalable.

Exemples de données sensibles concernées :

- informations personnelles relatives aux patients (nom, prénom, adresse, coordonnées).
-détails médicaux : handicap, pathologie, examens ou résultats.
-données personnelles du personnel : collaborateurs, assistants ou remplaçants.

Registre des activités de traitement (Art. 30 du RGPD) :

Les professionnels de santé libéraux doivent documenter leurs pratiques concernant l'utilisation des données personnelles dans un registre dans lequel vous allez :
-lister les traitements de données effectués.
-fournir une vue d’ensemble des opérations réalisées avec les informations sensibles.

Ce registre doit être maintenu en interne, en format papier ou électronique, et être tenu à jour.

Pour une activité en structure (au moins 3 IDEL) de type MSP, CPTS, ESP, il faut désigner un DPD (Délégué à la Protection des Données) ou DPO (Data Protection Officer) qui sera en charge de la conformité réglementaire en matière de protection des données à caractère personnel.
-> les contrôles CNIL seront plus fréquents à l’avenir et les amendes peuvent être très élevées.

Démarches Facultatives

Compte Bancaire

Il est recommandé d’ouvrir un compte bancaire dédié à vos dépenses et recettes professionnelles. Dans le cadre de votre activité professionnelle, il est essentiel de distinguer vos dépenses relatives à votre exercice libéral de vos dépenses personnelles.

A.G.A

Association de Gestion Agréée

Son rôle est avant tout d’établir et de vérifier vos déclarations de revenus auprès de l’administration fiscale. Elle vous accompagne dans la gestion comptable et fiscale de votre entreprise tout au long de votre activité.

Il en existe plusieurs : à vous de prospecter sur Internet, mais également auprès de vos confrères et consœurs IDEL pour trouver celle qui vous convient.

A.V.A.T.

Assurance Volontaire Accident du Travail

Si vous ne souscrivez pas à cette assurance auprès de la CPAM, vous ne serez pas couvert en cas d’accident du travail. Elle peut également être souscrite auprès d’organisme d’assurance : assurez-vous des délais d’indemnisation et du montant prévus par le contrat correspondent à vos exigences financières.

Une prévoyance complémentaire

et autres produits d’assurances privées : Loi Madelin.

Grâce à la loi Madelin, les produits d'assurances comme la prévoyance, la santé et la retraite sont déductibles du revenu imposable dans des limites définies par la loi. Ils vous couvrent en cas de maladie et complètent vos indemnités de base. Pensez également à assurer votre matériel, vos locaux et votre véhicule professionnel !

Les choix pour son cabinet

LE LIEU :

Bien réfléchir au lieu de votre installation : pour combien de temps souhaiteriez-vous rester dans ce secteur ? Si vous effectuez un remplacement au départ : y a-t-il une clause de non-concurrence dans le contrat avec le ou la titulaire qui m’empêcherait de vous y installer ensuite ? Est-ce que cette région ou cette ville est adaptée à votre vie personnelle ? Devrez-vous déménager ou changer de cabinet un jour ? Des questions qu’il vous faut vous poser afin de pouvoir anticiper tout changement dans votre activité qui demandera des démarches administratives parfois contraignantes à gérer.

Faites un état des lieux sur les soins déjà pris en charge par des établissements de santé ou services d’hospitalisation à domicile qui pourraient avoir une influence sur votre activité ? (SSIAD, MSP, HAD, CPTS, etc..). A vous de décider si vous souhaitez collaborer (après signature d’une convention ou contrat) avec ces organismes.

Les laboratoires sont-ils nombreux ? Renseignez-vous sur les projets de santé qui peuvent être envisagés ou en cours de réalisation par la mairie ou la région (type CPTS, MSP par exemple). Que pensez-vous pouvoir apporter et adhérez-vous à ce programme ?

Il est possible soit de passer par un financement personnel soit par un financement complémentaire ou total via une banque le plus souvent. Renseignez-vous auprès d’IDEL sur Internet, sur les réseaux sociaux (ou associations), ou auprès de collègues déjà installés pour connaitre les possibilités et les conseils sur les prêts à envisager. Contactez plusieurs organismes pour avoir différentes propositions.
Le crédit participatif peut également être sollicité pour un emprunt, renseignez-vous sur Internet sur les plateformes dédiées.

Les aides pour votre installation ou le lancement de votre activité sont nombreuses : ACCRE, NACRE, Garantie Egalité Femmes, Zones géographiques de type ZFU ou ZUS…

Il est obligatoire pour un professionnel de santé de tenir ses comptes à jour de façon à suivre la progression de son activité mais également d’agir en cas de difficulté. Le régime de comptabilité dite « BNC » (bénéfices non commerciaux) est le plus utilisé et adapté aux activités professionnelles individuelles. La gestion comptable repose essentiellement sur la saisie des recettes et dépenses, tout en tenant compte des éléments d’emprunts, de crédits et d’amortissements. En début d’activité, il est fortement conseillé de faire appel à un expert-comptable ou à une Association de Gestion Agrée (AGA) pour vous concentrer sur les soins et vos patients.
Renseignez-vous auprès d’IDEL autour de chez vous pour connaître ceux maîtrisant les aspects de votre métier de façon à pouvoir poser des questions spécifiques en cas de besoin.

Il est essentiel d’anticiper. La 1ère année, vous devrez payer des charges obligatoires pour votre activité (URSAFF, AGA, CARPIMKO, assurances, prévoyance, loyer, équipement, complémentaire santé, etc..). La 2ème année les montants de charges seront ajustés en fonction de votre chiffre d’affaires. Il est conseillé de mettre 50% de vos revenus de côté pour pouvoir les honorer et ainsi éviter les indus. Ces charges peuvent s’estimer à environ de 1400€ par mois à 1600€ : attention il ne s’agit que d’une estimation ! Elle peut varier en fonction de vos besoins en équipement du cabinet, automobile, prévoyance, RCP, mutuelle, etc.

  • Remplaçant

Expérience professionnelle de 18 mois (2400h) dans un établissement de soins (service de soins généraux) dans les six dernières années.

Pas de feuilles de soins, pas de lien de subordination avec l’IDEL remplacé.

L’infirmière titulaire perçoit les honoraires et reverse une rétrocession d’honoraires au remplaçant ou à la remplaçante.

Contrat à signer avec le ou la titulaire : attention à la clause de non-concurrence à préciser. La rétrocession peut se faire soit sur les actes réalisés, soit sur les actes facturés, soit sur les actes payés. Il est important de le préciser sur le contrat.

Conseil : vous pouvez cumuler votre activité hospitalière et libéral avec l’accord de votre direction vous permettant d’obtenir une autorisation de cumul. Attention, si votre activité est à mi-temps, évaluez la rentabilité vis-à-vis des charges à payer forfaitaires la 1ère année, il faut une demande en soins significative pour ne pas perdre de l’argent.

  • Collaborateur

Expérience professionnelle de 24 mois (3200h) dans un établissement de soins (service de soins généraux) dans les six dernières années.

A ses propres feuilles de soins, sa CPS pour facturer et télétransmettre.

Perçoit directement les remboursements des soins et règle une redevance au titulaire (utilisation cabinet, matériel, etc.). Cette redevance est calculée sur un pourcentage à établir sur le contrat. Ce montant est défini soit sur les actes réalisés, facturés ou payés.

Contrat : préciser la participation aux frais du cabinet (redevance).

Conseil : 6 mois d’exercice en Hôpital = 2 ans en tant que remplaçante, il est conseillé d’effectuer les 24 mois en hôpital dès le départ pour gagner du temps et pouvoir collaborer ou s’associer en libéral ensuite.

  • Titulaire

Expérience professionnelle de 24 mois (3200h) dans un établissement de soins (service de soins diversifié) dans les six dernières années.

A ses propres feuilles de soins, sa CPS pour facturer et télétransmettre.

Perçoit directement les remboursements des soins.

Titulaire de son cabinet, c’est la seule personne décisionnaire de la gestion de son cabinet. Il est important de souscrire un contrat en cas d’association.

En France, la répartition des infirmières libérales (IDEL) varie considérablement selon les régions. Certaines zones sont saturées, tandis que d’autres souffrent d’une pénurie de professionnels de santé. Pour remédier à cette situation et garantir un accès aux soins de qualité pour tous, l’Assurance Maladie a mis en place un zonage infirmier, qui définit cinq catégories de zones : très sous-dotées, sous-dotées, intermédiaires, sur-dotées et très sur-dotées.

Qu’est-ce que le Zonage Infirmier ?

Le zonage infirmier a pour objectif de rééquilibrer la répartition des infirmières libérales sur le territoire national. En fonction de la densité des IDEL dans chaque zone, des mesures incitatives ou restrictives sont mises en place pour favoriser une répartition géographique plus équitable. Les zones sont classées selon leur taux d’infirmières libérales en activité :

– Zones très sous-dotées : un manque flagrant d’infirmières, souvent dans des territoires ruraux ou des quartiers sensibles.
– Zones sous-dotées : un nombre d’infirmières insuffisant pour répondre à la demande de soins des patients.
– Zones intermédiaires : une situation équilibrée, mais qui peut nécessiter des ajustements ponctuels.
– Zones sur-dotées : une forte concentration d’infirmières, parfois trop importante par rapport aux besoins.
– Zones très sur-dotées : des territoires où l’offre de soins est bien supérieure à la demande.

S’installer dans une Zone Sur-Dotée

Les zones sur-dotées sont caractérisées par une concentration élevée d’infirmières libérales, rendant parfois difficile l’installation de nouveaux professionnels. Certaines régions comme la Martinique, les grandes villes des Bouches-du-Rhône et une partie du Finistère sont classées parmi ces zones. Afin de réguler cette répartition, des conditions strictes d’accès au conventionnement sont imposées :

Conditions d’Installation en Zone Sur-Dotée

Pour s’installer dans une zone sur-dotée, plusieurs critères doivent être remplis :

– Cessation d’activité d’un IDEL conventionné dans la zone ou intégration dans un cabinet existant.
– Reprise d’une patientèle et continuité des soins.

Si vous ne connaissez pas d’infirmière libérale souhaitant céder son activité, vous pouvez consulter directement la CPAM pour connaître les places disponibles.

Ensuite, un dossier de demande détaillant les conditions d’installation doit être soumis à la CPAM du lieu envisagé. Ce dossier sera évalué et un avis favorable ou défavorable sera rendu par le directeur local.

Dérogations Possibles

Des dérogations peuvent être accordées dans certains cas, notamment :

– Si vous avez reçu des demandes de soins dans la zone de votre tournée.
– Si vous changez l’adresse de votre cabinet, sous certaines conditions (activité libérale conventionnée de 5 ans et plus de la moitié des soins réalisés dans la zone durant les 2 dernières années).
– En cas de mutation de votre conjoint ou de situation médicale grave de votre famille.

L’Avenant 6 et les Zones Sur-Dotées

L’avenant 6 à la convention nationale des IDEL précise que seules les infirmières désignées comme successeurs peuvent occuper une place vacante. Si l’IDEL cessant son activité ne désigne pas de successeur, la place sera supprimée, contrairement à la pratique antérieure où la place vacante était attribuée à une IDEL sur la liste d’attente de l’Assurance Maladie.

S’installer dans une Zone Sous-Dotée

Les zones sous-dotées sont celles qui manquent cruellement d’infirmières libérales. Dans ces territoires, les patients éprouvent des difficultés à trouver des soins à domicile, créant ainsi une situation de désert médical. Pour remédier à cette pénurie, plusieurs aides financières et incitations ont été mises en place afin de soutenir l’installation des IDEL dans ces zones.

Aides Financières pour les Zones Sous-Dotées


L’Assurance Maladie a mis en place trois contrats incitatifs pour encourager l’installation et le maintien des IDEL dans les zones sous-dotées :

– Le contrat d’aide à l’installation infirmier (CAII) : destiné à soutenir les infirmières libérales qui s’installent dans une zone sous-dotée.
– Le contrat d’aide à la première installation infirmier (Capii) : pour les infirmières libérales dans leur première installation.
– Le contrat d’aide au maintien infirmier (Cami) : visant à encourager les IDEL à maintenir leur activité dans ces zones déficitaires.

Ces aides financières sont destinées à assurer la continuité des soins dans des territoires où l’offre de soins est insuffisante. Elles peuvent couvrir divers frais liés à l’installation, au maintien de l’activité et à l’attrait de nouveaux professionnels dans ces zones.

Le zonage infirmier permet de mieux répartir les infirmières libérales à travers la France, en incitant les professionnels à s’installer dans des zones où l’offre de soins est insuffisante tout en régulant les installations dans les zones déjà bien pourvues. Grâce à des aides financières et des mesures restrictives, l’objectif est de garantir à tous les citoyens un accès égal aux soins, peu importe leur lieu de résidence.

Pour découvrir où vous pouvez vous installer en tant qu’infirmière libérale, consultez la carte CartoSanté qui vous permettra de visualiser en un clic les zones d’installation possibles.

La réglementation encadrant les cabinets des infirmiers libéraux (IDEL) impose des normes strictes en matière d’accessibilité, de sécurité, d’hygiène et de confidentialité. Voici une vérification des informations fournies, actualisée selon les dernières mises à jour réglementaires :

Aménagement du cabinet :

– Le cabinet infirmier est considéré comme un Établissement Recevant du Public (ERP) de type U (destiné aux soins), en 5ᵉ catégorie, car il accueille un nombre restreint de personnes (inférieur à 300), il a donc des obligations spécifiques :
– accessibilité : respect des normes pour les personnes à mobilité réduite (PMR).
– sécurité incendie : installation d’un extincteur, d’une alarme incendie, et de dispositifs de signalisation adaptés.
– normes électriques : conformité aux réglementations spécifiques aux ERP, comme la norme NF C 15-100.
– plan d’évacuation : affichage des consignes de sécurité et des plans d’évacuation à des endroits visibles.

Ces obligations visent à garantir la sécurité et le bien-être des patients et à aligner le cabinet sur les standards réglementaires des ERP. ([Source : Réglementation des ERP, Code de la construction et de l’habitation, articles R.123-1 et suivants])

– Confidentialité : il est impératif de garantir la confidentialité des échanges avec les patients, ce qui peut nécessiter une isolation phonique adéquate des locaux.
– Accès à l’eau : un point d’eau est indispensable pour assurer l’hygiène nécessaire à la pratique des soins.
– Affichages réglementaires : les informations relatives au conventionnement, aux tarifs des actes courants, aux règles de confidentialité des données (RGPD) et à l’interdiction de fumer doivent être clairement affichées dans le cabinet.

Normes d’élimination des déchets de soins (DASRI) :

Les Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI) doivent être collectés, entreposés et éliminés selon une réglementation stricte :

– Tri et conditionnement : les DASRI doivent être triés à la source dans des contenants homologués (boîtes rigides pour objets perforants, sacs pour autres déchets infectieux). Ces contenants doivent porter un marquage spécifique et être conformes à la norme NFX 30-500.
– Stockage temporaire : les DASRI doivent être entreposés dans un espace dédié, ventilé, facilement nettoyable, hors d’atteinte des tiers et respectant les règles de sécurité.
– Collecte et élimination : le cabinet doit établir un contrat avec un prestataire agréé pour la collecte et l’élimination des DASRI conformément aux règles en vigueur. Les bordereaux de suivi (BSDASRI) doivent être archivés pendant au moins 3 ans.

Équipements recommandés (facultatifs) :

– Salle d’attente : bien que non obligatoire, une salle d’attente améliore le confort des patients et contribue au respect de la confidentialité des soins.
– Sanitaires : la présence de sanitaires, bien que non imposée, est fortement recommandée pour le confort des patients.
– Matériel médical : il est conseillé de disposer de matériel de soins courant (compresses, sets de pansements, matériel à usage unique, solutions antiseptiques), d’une table d’examen, de rangements sécurisés pour les dossiers patients (conformément au RGPD), et d’un chariot de soins.
– Équipements administratifs : un bureau de travail, un ordinateur avec imprimante/scanner, un ordonnancier et un tampon professionnel sont recommandés pour assurer une gestion efficace du cabinet.
– Cartes de visite : bien qu’utiles, leur distribution doit respecter les règles déontologiques, notamment l’interdiction de la publicité directe.

Se faire connaître


La loi n’autorise pas les IDEL à faire de la publicité pour leur activité, cependant il existe plusieurs moyens de se faire connaître :
Les IDEL sont soumis.e.s à des règles strictes concernant la promotion de leur activité professionnelle. Selon l’article R.4312-37 du Code de la santé publique, la profession ne doit pas être exercée comme un commerce, et toute forme de publicité directe ou indirecte est interdite.

Moyens autorisés pour se faire connaître :

– Annonces dans la presse locale :lors de l’installation, d’un changement d’adresse, d’un remplacement ou pour communiquer des horaires de permanence, l’IDEL peut publier deux insertions consécutives dans la presse locale ou spécialisée.
– Inscription dans les annuaires : l’inscription aux Pages Jaunes est permise, à condition de se limiter aux informations de base (nom, prénom, adresse professionnelle, coordonnées de contact, horaires) sans options supplémentaires visant à améliorer la visibilité par rapport à d’autres professionnels de santé.
– Plaque professionnelle : l’IDEL peut installer une plaque professionnelle aux dimensions réglementaires (25 cm x 30 cm) indiquant son identité, ses diplômes, ses coordonnées et ses horaires.
– Cartes de visite : la distribution de cartes de visite est strictement encadrée. Elles sont destinées exclusivement aux patients déjà en contact avec l’IDEL et ne doivent pas être distribuées de manière proactive dans les commerces ou boîtes aux lettres. Toutefois, il est possible de les fournir à d’autres professionnels de santé, à condition que les cartes de tous les infirmiers exerçant à proximité soient également disponibles, afin d’éviter toute pratique assimilable à du compérage.
– Site internet : depuis les décrets du 22 décembre 2020, les IDEL peuvent créer un site internet pour présenter leur activité, sous réserve de respecter les obligations déontologiques : informations loyales, honnêtes, non comparatives, sans recours à des témoignages de tiers, et sans incitation à des actes inutiles.

Il est important de noter que toute forme de publicité visant à attirer la patientèle, comme l’utilisation d’enseignes lumineuses, la distribution de flyers, ou le référencement payant sur internet, demeure interdite. Les moyens de communication autorisés doivent respecter les principes de discrétion et de non-commercialisation de la profession.

Facturation et télétransmission

Qu’est-ce que la facturation ?

Chaque facturation des soins effectués nécessite une ordonnance médicale pour bénéficier d’une prise en charge et d’un remboursement dans le cadre de votre convention signée avec la CPAM. Lors de la facturation une FSE est créée et sera transmise à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie pour y être traitée.

Quand facturer ?

La fréquence de vos facturations est déterminée en fonction de votre activité et de vos besoins financiers. Il n’y a pas de règles, cependant il est conseillé de facturer au moins toutes les deux semaines de façon à fluidifier l’envoi de vos factures et percevoir des honoraires de façon plus régulière. Au contraire, une facturation trop fréquente vous impose un rythme soutenu ; une facturation trop tardive vous incite à gérer vos finances de façon rigoureuse et à anticiper les remboursements pour solder les charges à payer chaque mois.

Chaque facturation nécessite la carte Vitale du patient (on parle ici de la facturation « sécurisée »), sauf cas exceptionnels (appelée la facturation « dégradée » ou « papier ») : perte de la carte Vitale, oubli, hospitalisation ou décès du patient par exemple.

Lors de la facturation le Tiers Payant joue un rôle essentiel. Il s’agit de la dispense des frais pris en charge les régimes obligatoires et complémentaires.

Si vous pratiquez le tiers payant lors de la facturation des soins d’un patient, cela signifie que vous demandez à un « tiers » de régler la facture. Ici, un « tiers » est identifié soit par la CPAM soit par une mutuelle.

Lorsque vous ne pratiquez pas le tiers payant, cela signifie que c’est au patient de vous régler directement la facture et non pas à un « tiers ».

Certains patients bénéficient d’une prise en charge totale de l’Assurance Maladie (100%) de par leur état de santé et leur pathologie. Il s’agit pour la majorité d’entre eux de patients en « Affection Longue Durée » (patients diabétiques, en chimio ou radio thérapie, en insuffisance cardiaque ou pulmonaire, etc…). Dans ce cas, la facturation dite « ALD » implique un Tiers Payant à 100% par la CPAM, le patient ne règle rien, c’est la CPAM qui vous rembourse les soins directement (attention, bien contrôler que les droits ALD figurent sur la carte Vitale du patient).

Qu’est-ce que la télétransmission ?

Lorsque la facturation est finalisée, vous accumulez un certain nombre de factures sur la période que vous avez déterminée (les 15 derniers jours par exemple).

Il ne reste plus qu’à « télétransmettre » ces factures à la CPAM et aux mutuelles (selon le Tiers Payant que vous pratiquez).

La télétransmission, c’est l’envoie de vos « FSE » (Feuilles de Soins Electroniques) par voie électronique (Internet). Elle s’effectue à l’aide d’un logiciel de gestion comme EVE.

Elle confère de nombreux avantages :
  • Votre gestion est optimisée, le traitement de vos facturations est rapide et simplifié.
  • Elle permet une traçabilité de vos factures : vous recevez des accusés de réception pour chacune d’entres elles, ainsi qu’un avis de paiement ou un rejet le cas échéant.
  • Plus de papier, tout est dématérialisé !
La télétransmission nécessite un équipement de base :
  • Un ordinateur de bureau, portable ou tablette polyvalente
  • Un lecteur de cartes Vitale (classique ou via l'application carte Vitale)
  • Un logiciel de gestion comme EVE
  • Une connexion à Internet classique ou professionnelle
  • Votre Carte Professionnelle de Santé
L’informatisation de votre gestion d’activité est indispensable pour vous permettre de gagner un temps précieux et vous concentrer davantage sur vos soins et vos patients.

La facturation et la télétransmission permettent de remplir les conditions nécessaires et obligatoires liées à votre activité professionnelle et simplifient considérablement les tâches administratives du quotidien.

Le forfait d’aide à l’informatisation et à la modernisation du cabinet

Une fois par an, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie verse aux professionnels de santé un forfait d’aide à l’informatisation et à la modernisation du cabinet (F.A.M.I). Pour cela, vous devez répondre à différents critères :

- le logiciel doit être doté d’une version du cahier des charges SESAM-Vitale intégrant les derniers avenants publiés sur le site du GIE SESAM-Vitale au 31/12 de l’année N-1 par rapport à l’année de référence pour le calcul de la rémunération. En résumé, Vous devez disposer d’un logiciel de gestion à jour !
- utiliser un logiciel métier, compatible DMP (Dossier Médical Partagé) pour faciliter le suivi des patients et leur prise en charge coordonnées.
- Utiliser le dispositif SCOR pour télétransmettre vos pièces justificatives au format numérique à l’assurance maladie. L’objectif étant de ne plus avoir de justificatifs papier.
- Atteindre un taux de télétransmission de vos factures « sécurisées » supérieur ou égal à 70%. Ainsi, la sécurisation et la télétransmissions de ces factures garantissent des délais de règlement très courts.
- Disposer d’une adresse de Messagerie Sécurisée de Santé pour sécuriser les échanges entre les professionnels de santé. Si vous ne l’avez pas encore fait, munissez-vous de votre lecteur de cartes Vitale et de votre CPS pour la créer gratuitement sur le site « Mailiz » conformément aux recommandations : https://mailiz.mssante.fr/

Le montant du forfait s'élève à 490€. (Attention, si vous ne remplissez pas TOUS les critères, le forfait est invalidé.)

Ce forfait se compose également de critères complémentaires/optionnels :
  1. indicateur complémentaire lié à l’exercice coordonné ouvrant droit à une rémunération de 100 € si les indicateurs obligatoires sont atteints ;
  2. indicateurs optionnels pour l’équipement en télésanté : 350 € pour l’équipement en vidéotransmission et 175 € pour l’équipement en appareils médicaux connectés. Ces 2 indicateurs optionnels sont indépendants des indicateurs obligatoires, leur rémunération est indépendante de l’atteinte des indicateurs obligatoires.
Le bonus : cette aide versée est non pas acquise en équipe mais à titre individuel, chaque IDEL peut en bénéficier même si elle collabore s’associe à d’autres IDEL.

NB : Une infirmière libérale remplaçante ne peut pas bénéficier de ce forfait car elle ne télétransmet pas et n’a pas l’obligation de s’équiper d’un lecteur de cartes Vitale ou d’un logiciel de gestion.

Connaître son environnement professionnel

L’Ordre National Infirmier (ONI)

C’est l’instance de régulation auprès de la profession. L’ordre contrôle l’application des règles et des obligations légales de la profession, mais aussi le respect du code déontologique. Il règle également les litiges et propose de nombreux documents, et conseils pour tous les infirmiers et infirmières en activité salariale ou libérale.

En France, les syndicats représentatifs des infirmiers libéraux sont au nombre de trois :

– la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI). Fondée en 1949, la FNI est le plus ancien syndicat représentant les infirmiers libéraux en France.
– le Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux (SNIIL). Créé en 1973 à Toulouse, le SNIIL œuvre pour la défense des intérêts des infirmiers libéraux.
– Convergence Infirmière (CI). Syndicat plus récent, Convergence Infirmière s’engage activement pour la reconnaissance et la valorisation de la profession infirmière libérale.

Ces syndicats jouent un rôle essentiel en représentant les infirmiers libéraux auprès des autorités et des organisations, en négociant des conventions collectives, en fournissant des conseils et des services, et en défendant les droits de la profession.

Ils contribuent également à l’évolution du métier et des pratiques, notamment en participant à la création et à la valorisation des actes de soins, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de travail.

En tant que soutien réel dans votre profession, ces syndicats restent attentifs à vos demandes, aussi variées soient-elles, et organisent des tables rondes et des séminaires sur des thèmes d’actualité.

Des formations sont également proposées sur de nombreuses pratiques.

Votre adhésion à l’un de ces syndicats est déductible de vos charges professionnelles.

Il s’agit de l’Union Régionale des Professionnels de Santé. Elle contribue à l’organisation de l’offre de santé au niveau régional. Elle participe à des projets de santé, analyse les besoins et l’offre, porte des actions de sensibilisation et de prévention, participe au déploiement et à l’utilisation des systèmes de communication.

Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé favorise la coordination des soins entre les professionnels de santé et permet ainsi une meilleure structuration du parcours de santé pour chaque patient. Elle peut être à l’initiative de projets territoriaux mais aussi au niveau local. La loi MaSanté2022 porte ce projet et incite les professionnels de santé à se regrouper en équipe de soins primaires, Maison de Santé ou CPTS.

Les Agences Régionales de Santé pilotent et régulent au niveau régional le système de santé. Elles élaborent et mettent en œuvre la politique de santé en région. Elle dirige le répertoire ADELI et communique auprès des professionnels de santé leur numéro d’identification dédié.

La formation professionnelle

DPC

Il s’agit du Développement Professionnel Continu. L’agence nationale du DPC pilote le DPC et gère son financement pour tous les professionnels de santé exerçant sur le territoire français. C’est un dispositif de formation réglementé et obligatoire pour chaque professionnel de santé (créé par la Loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST) de 2009 et effectif depuis le 01/01/2013). Les formations sont indispensables pour « garantir la qualité des soins et la sécurité du patient » (Art R4312-46 du code de la santé publique)

L’inscription s’effectue sur le site Internet https://www.agencedpc.fr/

Vous pouvez percevoir une indemnisation pour perte de ressources correspondant à un plafond de 2 jours de formation (à condition d’exercer au minimum 50% en libéral). Cette indemnisation comprend un dédommagement pour perte de revenu + frais de déplacement + logement et repas du soir.

FIF-PL

Le Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux (FIF-PL) soutient la formation continue des professionnels de santé libéraux, y compris les infirmiers libéraux (IDEL). Depuis le 1er janvier 2025, les plafonds de prise en charge ont été réajustés comme suit :

-plafond annuel : désormais fixé à 600 € par an
-plafond journalier : réduit à 200 € par jour

Les fonds du FIF-PL proviennent des cotisations versées par les professionnels de santé à l'URSSAF.

Pour bénéficier de ces financements, les formations doivent être dispensées par des organismes certifiés QUALIOPI.

Les critères de prise en charge peuvent varier en fonction de la profession et du type de formation. Il est donc recommandé de consulter le site officiel du FIF-PL ou de contacter directement l’organisme pour obtenir des informations précises et à jour.